Entrevue avec le maire de Paredes, M. Celso Ferreira
Le Maire de Paredes exprime dans un entretien avec l’Association comment le rendement scolaire de la Ville a amélioré notamment au cours de la dernière décennie.
En 2006, la Mairie de Paredes a décidé de prendre l’initiative en matière éducative. Pour quelle raison ?
Lorsque nous avons mis en œuvre la Charte éducative de Paredes, le secteur éducatif était très déficitaire dans notre ville. Nous occupions en effet la neuvième pire place du pays quant au rendement scolaire en 2006, et aujourd’hui nous sommes parmi les meilleures. Nous avions un taux d’abandon scolaire de 43 %, et celui-ci est pratiquement à zéro actuellement ; et, au cours de cette dernière année, nos écoles se sont situées, pour la première fois, au-dessus de la moyenne du pays pour les examens nationaux.
Comment s’est articulé l’accord de toutes les forces politiques en ce qui concerne les questions éducatives ?
Nous avons organisé un débat dans toute la ville qui a culminé par la réunion de l’Assemblée municipale de Paredes la plus suivie de son histoire. Par nature, nous sommes tous résistants aux changements ; cependant, ce processus a été clair et tout à fait démocratique, et presque tous les habitants ont fini par accepter les avantages du projet. Nous avons adopté des mesures qui rompaient complètement avec le passé, et cette décision est venue d’un consensus entre tous les partis représentés dans l’Assemblée municipale de Paredes.
La construction de nouvelles écoles a été un aspect important des changements réalisés…
Nous avons reconsidéré tout le système éducatif à Paredes et nous avons modifié le modèle d’enseignement scolaire. Des écoles modernes, bien préparées et équipées, avec un gymnase, une bibliothèque et une salle à manger ont motivé la population. Ensuite, l’augmentation du nombre d’élèves par école a apporté une masse critique et a constitué un facteur de compétitivité, contribuant également à l’amélioration de l’efficience.
Quelle destination avez-vous donnée aux anciens établissements scolaires ?
Paredes est une des villes parmi les plus dynamiques du Portugal en ce qui concerne le mouvement associatif. Les 64 écoles qui ont été fermées à la suite de la mise en œuvre de la Charte éducative ont été converties en une source d’opportunités pour de nombreuses associations culturelles et de loisirs ainsi que pour des institutions de solidarité sociale. Certaines sont devenues des centres de jour pour les personnes du troisième âge, d’autres ont été converties en centres culturels, en résidences pour les personnes âgées, ou même en caserne pour la Garde nationale républicaine, etc. De ce point de vue, la Charte éducative a aussi apporté une amélioration dans ce secteur.
En 2007, la Mairie de Paredes a signé un accord de collaboration avec l’Association des Entrepreneurs pour l’Inclusion sociale (EPIS dans son sigle en portugais) afin de lutter contre l’abandon et l’échec scolaires. Quels ont été les résultats de ce travail conjoint ?
Nous avons essayé d’impliquer l’ensemble de la communauté, en convoquant aussi les familles et les entrepreneurs dans l’école. La ville de Paredes a été la première du pays à s’associer à une initiative de la Présidence de la République pour combattre l’échec et l’abandon scolaires, en mettant en place une collaboration avec l’EPIS. Cette coopération, visant la mise en œuvre de la médiation familiale, au travers de laquelle un réseau de médiateurs travaille à la capacitation des familles, a atteint, comme nous l’avons dit ci-dessus, des résultats remarquables dans la lutte contre l’abandon et l’échec scolaires. L’objectif était d’aider les familles à mieux comprendre leurs enfants, ainsi que les défis que l’école leur impose.
La ville de Paredes a une grande tradition dans l’industrie des meubles de bois. Elle produit en effet 60 % du mobilier national. Quels programmes sont menés à terme pour stimuler chez les jeunes la poursuite de cette tradition ?
Paredes est un centre d’excellence de production de mobilier, avec des usines équipées des progrès technologiques les plus modernes et innovateurs. Il y avait cependant une carence dans l’échelle de valeur : le design. Pour aider à couvrir ce manque, la Mairie a lancé un projet, « Art on Chairs », qui misait pour le design afin de revaloriser le mobilier fabriqué à Paredes. L’initiative est un succès et elle a reçu le prix RegioStars de la Commission européenne au meilleur projet européen de 2014. Elle est développée afin de donner une meilleure notoriété au mobilier fabriqué à Paredes, de rayonnement international, mais aussi par rapport à la ville elle-même. Le projet vise à impliquer l’ensemble de la communauté et, tout particulièrement, la jeunesse, afin de renforcer la prise de conscience de l’importance pour l’économie locale d’un secteur qui emploie directement ou indirectement près de 50 % de la population de la ville. Il s’agit d’un projet encore en développement mais les résultats atteints jusqu’à présent dépassent déjà toutes nos expectatives.
Paredes dispose d’un tissu entrepreneurial sensible aux questions sociales. Pouvez-vous nous donner un autre exemple des accords de collaboration qui existent entre le secteur privé et la Mairie ?
En plus de l’association EPIS qui promeut la lutte contre l’abandon scolaire, avec sa contribution si importante aux bons résultats obtenus grâce à la réforme éducative, il y a une grande implication des entrepreneurs de Paredes dans les activités de responsabilité sociale. À titre d’exemple, on remarquera le projet « Une Usine pour le Timor », initiative de diplomatie solidaire lancée par la Mairie de Paredes qui part d’une invitation faite aux usines de meubles de la ville de céder gratuitement les machines en bon état pour la création de la première fabrique de meubles au Timor oriental. Nous pensons répéter ce projet au Mozambique et nous sommes en négociations pour le répliquer aussi en Guinée-Bissau. Les entrepreneurs de Paredes s’impliquent beaucoup dans le soutien aux communautés auprès desquelles les usines sont installées, et c’est une manière de renforcer l’engagement des entreprises avec leurs travailleurs.
Récemment, l’Université de Porto a implanté une extension de son siège dans la ville de Paredes, afin de former des ingénieurs spécialisés dans des thèmes en rapport avec le bois. Comment pensez-vous que cela va affecter votre ville ?
L’économie de la ville de Paredes est, comme je l’ai dit déjà, dans sa plus grande partie orientée vers l’industrie du meuble. Consciente de cette réalité, la Mairie a insisté pour créer, en 2013, un cours supérieur pour répondre aux demandes du secteur et c’est dans ce cadre qu’a surgi le diplôme en Technologies du Bois, fruit de la collaboration avec l’Institut polytechnique de Porto. Ce cours est orienté vers la création de cadres techniques supérieurs pour cette industrie, très déficitaire en techniciens de ce type de qualification, qui garantisse le plein emploi des diplômés. La première génération ayant suivi ce cycle de trois ans accédera maintenant au marché du travail et tous ces diplômés auront un emploi dans les entreprises du secteur de la ville de Paredes, ce qui démontre bien le succès de ce pari et constitue, en outre, un exemple pragmatique de la nécessaire articulation entre l’Université et la société civile.
Paredes est une vaste commune avec une faible densité de population qui combine l’urbain avec le rural. Comment appréhendez-vous la question de la mobilité, et comment développez-vous le sentiment d’appartenance ?
Le Portugal est un pays où les gens ont un très fort sentiment de quartier et d’appartenance à ses régions. Dans une ville telle que Paredes, avec divers noyaux urbains importants, il est naturel qu’il y ait quelques rivalités entre eux, mais aucune n’affecte l’unité territoriale. Quant à la mobilité, la commune, qui est de plus en plus urbaine, a d’excellentes communications par la route et par le chemin de fer, et sa récente adhésion à la Zone métropolitaine de Porto a aidé à résoudre les déficiences qui existaient encore dans les transports publics. Toutefois, il s’agit d’un travail toujours en construction qui est mise en œuvre progressivement.
La Mairie de Paredes a fait un ferme pari pour être une administration ouverte et sans papier : de fait, de nombreuses démarches peuvent être faites en ligne. Quels avantages en tirez-vous ?
La modernisation de l’administration à la Mairie de Paredes est synonyme d’innovation, de transparence et d’efficience, ainsi que d’économie de temps et d’argent. Elle a été récompensée par la Médaille d’Or de l’Agence pour la Modernisation de l’Administration et distinguée par le Gouvernement central comme une référence à suivre par d’autres villes. C’est donc assez dire que Paredes est à l’avant-garde de l’innovation : toutes les démarches peuvent être effectuées au travers d’une application informatique qui facilite la vie des habitants, des professionnels des services et des entreprises.
Les villes apprennent, s’inspirent les unes des autres et collaborent entre elles. La Mairie de Paredes partage-t-elle des projets avec d’autres villes ?
Dans le domaine des relations internationales, la Mairie mène à terme des projets distincts avec diverses villes étrangères, une en France, une autre au Mozambique, une troisième à São Tomé-et-Príncipe, et une dernière au Timor oriental. Nous collaborons dans des domaines aussi divers que la culture, l’industrie, la modernisation administrative et le développement du territoire. Coopérer est important parce que nous progressons en apprenant du travail d’autres villes.
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